samedi 16 octobre 2010

Jour de pluie, anorexie ...

La dernière fois, je vous racontais combien les rebords de fenêtre pouvaient m'inspirer. Et bien, pour tout vous dire, il en vas de même des journées maussades et pluvieuses. Je me demande bien ce qui peut autant m'attirer dans ce genre de temps. Pour tous les gens que j'ai pu croiser, la grisaille est synonyme de mauvaise humeur, de petites déprimes ... Pour moi c'est tout l'inverse, lorsque le temps est gris, je me sens bien, comme protégé par les nuages. Cela peut-être bête à dire, mais mes problèmes me semblent moins lourds à porter, moins présents quand le soleil se fait absent.

Toute la semaine passée, je me suis fait une montagne d'un simple chiffre, comme à mon habitude. Je n'aurais peut-être pas dû monter sur cette balance, mais le fait est, qu'elle m'a fait les yeux doux. Jusque là, je commençais lentement à me sentir mieux dans mon corps, ce qui de vous à moi était une avancée exceptionnelle, mais finalement je me rends compte que rien ne me convient jamais. J'étais persuadé que j'avais pris du poids, je me voyais un peu plus en chair dans le miroir (sans pour autant exagérer). Alors je me suis dit, et à tort, que de savoir combien j'avais gagné ne pourrait pas me faire le moindre mal. Il faut bien avouer que j'étais dans le faux.

Le chiffre maudit qu'a affiché cette balance a eu à peu près l'effet d'une bombe sur moi, démoralisant au possible. 40 kilos et quelques grammes, je suis une vraie crevette ! Mais là n'est pas tellement mon problème, il y en a eu des biens pires, croyez-moi. Le problème est que l'image que j'avais de moi et qui se dessinait de manière positive a complètement changée. Je ne me vois plus à peu près bien, à peu près normal. Chaque fois que je passe devant ce maudit miroir, je vois tous mes os un à un ressortir comme si ils cherchaient véritablement à s'échapper. Alors qu'au fond de moi, je sais pertinemment que je n'ai pas changé.

Je pensais qu'avec le temps, je finirais par apprendre de mes erreurs, mais là encore, c'était un énorme leurre. En écrivant cet article, j'ai d'ailleurs fait deux lapsus qui méritent sans doute d'être soulignés : j'ai d'abord écrit que "je me sentais mieux dans mon gros" au lieu de corps, puis que "je sais pertinemment que je n'ai pas mangé", au lieu de "changé". Quand je me suis relu, j'ai bien senti que c'était considérablement révélateur, mais je ne suis pas parvenu à tirer de tout ça la moindre conclusion. C'est tellement encré en moi que je ne distingue pas ce qui est de ce qui devrait être. Je ne parviens même plus à voir ce qui est en permanence sous mon nez.

J'avais l'impression que tout cela s'éloignait doucement de moi, mais il n'en est rien. Le fait que je stagne, tout comme les nuages un jour de grisaille.

5 commentaires:

  1. Coucou Gabriel,

    Je passe te faire un coucou! Ca faisait longtemps et je suis triste d'apprendre que tu mènes encore une bataille contre ton anorexie et j'aimerais que tu saches que

    1) cette bataille, ce n'est pas contre toi même mais pour toi même;
    2) tu vas la remporter;
    3) tu dois la remporter;

    Sinon, j'aime aussi la grisaille. Peut être parce que cela donne l'impression que la nature, elle aussi, a des moments où elle craque. Et c'est bien de savoir qu'elle aussi à des états d'âme et qu'elle les exprime à sa façon. Forcément, on se sent moins seul...

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  2. Arf, l'anorexie, quelle saloperie de maladie...
    C'est loin d'être évident d'être bien dans sa peau, déjà dans la vie de tous les jours & pour tout le monde. Un jour on s'apprécie, le lendemain on se foutrai par la fenêtre parce qu'il y a cette image qui ne nous plait pas.
    Alors quand on est anorexique, j'ose à peine imaginer le combat de tous les jours...

    J'espère que tu arriveras à résoudre les problèmes qui te rongent... et au sens propre du terme.

    Et moi aussi, j'aimais la grisaille, mais uniquement parce que cela signifiait à l'époque : " journée à jouer à la maison " ! ^^

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  3. Le mieux, c'est quand même les bords de fenêtre quand il pleut! ;) Personnellement, quand le soleil est absent, je suis heureuse. Et, à vrai dire, je ne suis pas vraiment étonnée de voir que toi aussi.

    Ça fait un moment que je suit ton blog. J'attends chaque article avec impatience et à chaque fois je suis émue.
    Pis j'aimerai te poser une question... Est-ce que tu camoufle ta maigreur (vêtement larges, tout ça)? Ou plutôt, est-ce que tu essayes de "mettre en valeur" ta physionomie...? Je sais que ça peut te paraître bête, surtout que tu as dis dans ton article que tu ne te sentais pas bien dans ton corps.
    Ce que je veux savoir c'est si, malgré tout tes complexes, tu arrives à assumer. Profiter de ton plus gros "défaut", en quelque sorte. Beaucoup de personnes aimeraient être maigre... (Désolé, je ne dis pas par là que l'anorexie n'est pas grave, ou que tu n'en souffre pas, hein! ;) D'ailleurs, grâce à toi, je vois les gens minces d'un autre façon...)

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  4. P.S.: Tu en as peut-être déjà parlé dans un tes articles... Si oui, excuse moi, j'ai la flemme de tout relire! >.<

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  5. Non je n'en ai jamais parlé avant. Je ne me camoufle pas et j'affronte les jugements des gens avec le plus de force possible. Ils ne savent pas ce que c'est d'être malade, je ne peux pas leur en vouloir. Puis je vois le camouflage comme un refus de voir les choses en face, et justement, je ne veux pas de ca.
    En tout cas, je suis ravi de voir que j'ai une lectrice fidèle et ravi aussi de faire ta connaissance.

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