J'aime les rebords de fenêtre. Pour tout vous dire, ils sont toute ma vie. J'ai grandi sur ces rebords, à tous les étages de nombreux immeubles, dans de nombreuses grandes villes. Je trouve le monde plus beau quand je le regarde d'un rebord de fenêtre, un verre de scotch à mes côtés et une cigarette à la main. De jour, le soleil semble bien plus brillant ou les nuages plus menaçants. Et de nuit, la lune me semble accessible et les lumières mènent en coeur le plus beau ballet jamais effectué.
Aujourd'hui encore, je me suis retrouvé à la fenêtre, une nouvelle fenêtre sur laquelle je n'étais pas encore grimpé. Les études à l'international, c'est ça, c'est plein de surprises, de bonnes comme de mauvaises. Un stage de trois mois en entreprise, ce n'était pas vraiment une surprise, mais le cadre dans lequel j'ai atterri en fût une. Je m'y sens presque revivre. Il faut dire qu'ici, c'est mon pays. Une terre retrouvée, vallonnée en plein coeur de la forêt noire. Et malgré l'éloignement, je m'y sens bien.
Pourtant, le manque est bien là, les gens que j'avais l'habitude de croiser, mes amis, ma famille et mon amour me manque, mais si je les ai laissé eux derrière moi pour prendre ces trois mois comme un plaisant repos, j'espérais aussi avoir abandonné au pied de mes valises mes démons. Mais il n'en n'est rien. Ils me poursuivent, sortant et entrant par ces fenêtres que je laisse toujours ouvertes, me donnant l'air dont j'ai besoin pour me sentir vivre.
Des jours meilleurs viendront, je le sens je le sais, mais le temps n'est jamais pressé et aime nous faire languir, ça doit être ça, les rudiments de la vie.